http://www.finistere.gouv.fr/Actualites/Interdiction-de-manifestation-a-Landivisiau
Le Collectif Landivisiau Doit Dire Non à la Centrale (LDDNLC) avait appelé à manifester le samedi 14 septembre 2019 à 14h à Landivisiau (29) contre le projet de centrale thermique à gaz de Total, projet inutile, coûteux et polluant.
Le 13 septembre 2019, nous apprenons par l’Agence France Presse (AFP) que, par arrêté préfectoral, les abords du site dont nous devions faire le tour nous sont interdits et la manifestation cantonnée à un rassemblement au centre ville. Pour le Collectif LDDNLC, ce choix fait par la sous-préfecture vaut interdiction de manifestation dans la mesure où l’objectif était de marcher pacifiquement autour du site ultra-protégé sur lequel Total a commencé ses travaux. Les manifestants devaient ainsi pouvoir mesurer l’ampleur des dégâts sur la biodiversité causés par ce projet qui est sans commune mesure avec les images idylliques diffusées depuis des années par le feu porteur de projet M. Caïtucoli.
Nous accusons l’Etat, le Conseil Régional, la mairie de Landivisiau, le Conseil Communautaire du Pays de Landivisiau d’être les complices des saccages environnementaux en cours et de la censure de l’expression des opposants. Il semble que désormais la préservation de l’image et des intérêts du groupe Total passent avant toute liberté d’information et d’expression.
Nous dénonçons cette décision qui est une atteinte à la liberté de manifester et à la liberté d’expression. Toutefois, nous en prenons note, nous annulons la manifestation et invitons les citoyen.ne.s à rejoindre St Rivoal pour participer à la soirée-concert organisée en soutien à la lutte.
Texte lu le 14/09/19 lors de la soirée concert à St Rivoal …
Si l’on ne nous avait pas interdit de manifester, si l’on ne nous avait pas interdit de circuler sur notre propre territoire, voilà ce que vous auriez entendu devant le site sur lequel Total prétend construire une Centrale à gaz. Ce site que l’on voulait vous montrer et qu’ils veulent vous cacher.
Ce que nous avions imaginé, c’est de nous allonger au pied de ce tombeau de la biodiversité et là nous aurions pu dire ceci :
Ici, nous voyons.
Nous voyons que l’industrie intensive et productiviste méprise le vivant.
Nous voyons que la flore et la faune ont été massacrées.
Ici, les deux pieds dans la réalité et loin des images de publicité sur papier glacé, nous voyons que ce projet est triste à pleurer.
L’industrie intensive et productiviste pollue l’air, pollue l’eau, cause nombre de désertifications et de déforestations, appauvrit et pollue les sols, affaiblit et menace la biodiversité animale, végétale et minérale, exploite les populations les plus faibles, épuise le vivant. Ce vivant qu’elle ne connaît pas, ne comprend pas, ne voit pas, ce vivant qu’elle réduit à une quantité de ressources à extraire et exploiter.
L’industrie intensive et productiviste réduit le vivant en esclavage.
Elle le fait sous couvert d’un progrès pour la condition humaine, mais – soyons lucides – la thématique du bon maître philanthrope et éclairé est une vieille ficelle : l’industrie roule pour elle-même et exploite nos territoires à des fins financières personnelles
Ici, nous le voyons.
Nous voyons que l’industrie intensive et productiviste méprise le vivant.
Nous voyons que l’environnement est ignoré, que notre territoire nous est confisqué.
Ici, les deux pieds dans la réalité et loin des images de publicité sur papier glacé, nous voyons que ce projet est polluant, bruyant, écrasant.
Et si nous laissons extraire le gaz de façon irraisonnée, d’autres territoires verront leurs sols fracturés, leurs eaux polluées, leurs habitants chassés.
Et si nous laissons transporter le gaz de façon irraisonnée, les agriculteurs et les forestiers verront leurs terres éventrées tandis que nos mers et nos océans verront leurs eaux souillées.
Et si nous laissons brûler le gaz de façon irraisonnée, notre territoire verra son air et ses eaux encore plus pollués, ses champs abimés, ses forêts désertées.
Ici et maintenant agissons pour que cesse le massacre.
Relayons les appels scientifiques à la prise de conscience des conséquences qu’engendre la hausse moyenne des températures. Faisons connaître les investigations journalistiques qui révèlent les liens qui existent entre l’industrialisation massive, les zones écologiquement sinistrées, les déplacements de populations et les créations de groupes terroristes. Soyons parmi d’autres des faiseurs de marches, de rassemblements, de manifestations et d’actions chargées de dénoncer l’inertie des décisionnaires et l’aveuglement cupide et arrogant des multinationales.
Soyons clairs. Il n’y a pas de Planète B et nous sommes confrontés à une extinction d’espèces vitales pour nous ; nombre de matériaux comme l’argent, l’or, le cuivre, le zinc ou le plomb auront disparu avant 2050 ; il nous reste en l’état cinquante trois ans de gaz naturel ; depuis 2006 nous consommons la seconde moitié des réserves de pétrole que nous avons trouvées et cette moitié restante est tellement difficile à extraire que le coût énergétique de son extraction est en passe de dépasser le bénéfice de son utilisation. On nous parle de pétrole et de gaz de schiste comme d’une découverte. Faux ! On sait depuis 200 ans que ces ressources existent. Et si nous ne les avons pas exploitées avant c’est qu’elles demandent un travail énorme pour être extraites. Ce seront des ressources chères, très chères, très très chères. Sommes-nous en mesure de comprendre ce que cela signifie pour une société toute entière dépendante du pétrole ? Dépendante car le pétrole nous habille, nous nourrit, nous transporte, nous permet de communiquer. Pouvons-nous réaliser que le danger vient de ceux qui veulent encore en dépenser vainement et jusqu’à totale disparition de la ressource pour élargir des routes afin de faire passer des camions qui transporteront des turbines qui transformeront du gaz amené par méthaniers consommant du fuel qui auront été livrés par camions consommant du fuel venus de puits de forage de gaz de schiste consommant de l’eau … devenue rare … à cause de la hausse moyenne des températures qui en favorise l’évaporation ?
Ceux qui montent ce genre de projets sont dangereux. Messieurs Les présidents de la république Sarkozy, Hollande et Macron, Monsieur le ministre Le Drian, Monsieur le président directeur général du groupe Total Pouyanné, Monsieur le président directeur général du conglomérat allemand Siemens, Membres directeurs des chambres de commerce et d’agriculture, votre projet est dangereux.
Ici nous le voyons et maintenant nous savons : « l’industrie intensive et productiviste peut être la cause d’un véritable crime contre l’humanité présente et à venir ».
Nous savons et parce que nous savons, nous sommes dans l’obligation d’agir : s’opposer à cette industrie et inventer une autre façon de vivre relève tout simplement de la légitime défense.
MANIFESTATION ANNULEE POUR CAUSE D’INTERDICTION PREFECTORALE.
Une nouvelle attente à la liberté de manifestation et d’expression !
A partir de 19h, retrouvons-nous à Saint-Rivoal – « Auberge du Menez »…